Le stress Oxydatif (2nd partie)
Q4 : Ça vous fait quoi le stress ?
Intervenant 1 : Alors en général, pas grand-chose. Par contre quand il y en a beaucoup beaucoup, ça peut carrément empêcher de réfléchir.
Intervenant 2 : Pour ma part, oui, ça peut être un rythme cardiaque plus important. On va peut-être transpirer plus facilement de manière physique. Et après, intellectuellement, mentalement, on est peut-être un peu dans le flou.
Intervenant 3 : Ça me met un peu mal à l'aise, ça me tend, je suis un peu tendu à fleur de peau, enfin ça me met dans un état un peu différent que la normale.
Intervenant 7 : On se sent aussi les nerfs à fleur de peau.
Intervenant 5 : Sur moi, le stress, mon rythme cardiaque augmente. Je suis nerveux, je regarde un peu partout, je tapote du pied.
Intervenant 2 : Si on se laisse prendre par les émotions, on peut être plus à même d'être énervé ou stressé, un peu trop vif.
Intervenant 7 : Comme la plupart des gens ça peut provoquer des maux de ventre, plus rarement de la fatigue, chez moi je le remarque, quand j'ai eu une dose de stress et que je redescends, la fatigue prend le dessus.
Intervenant 1 : J'ai connu une période de stress, de deux semaines de stress. C'était il y a plus de 20 ans et là, j'avais carrément du mal à réfléchir, à aligner deux idées !
Réponse de François Desbordes
Journaliste : La question qu'on leur avait posée dans la rue, était : Ça vous fait quoi le stress ? Et je remarque que ça fait quelque chose de différent à chacun. Moi je me reconnais dans certaines choses, mais on a affaire à des grands stressés quand même sur cette vidéo ?
François Desbordes : Ah, je ne suis pas sûr que ce soient des grands stressés justement.
Tous ont visiblement une expérience de ce qu'on pourrait appeler les prémices du stress mais du stress établi avec un déséquilibre profond, j'en ai trouvé aucun. Peut-être cette personne qui avait déjà apparemment dit “Moi, il n’y a rien qui me stresse.”. Et puis là, tout à coup, pendant trois semaines, j'ai eu du stress, J'avais du mal à réfléchir, ça n'allait pas.”. Et là j'ai l'impression qu'il a été un peu secoué.
Autrement, dans les réponses, il y a effectivement des prémisses du stress, des gens qui disent qu'ils ont mal au ventre, l'autre qui a mal au dos, bon ok, mais pas de manifestation d'un stress profond. Il y en a par contre d'autres qui restent au stade de l'alerte, mon cœur bat plus vite, etc.
Parce que dans la notion de stress, c'est justement ce déséquilibre qui est dû au maintien de la pression. C'est le maintien de la pression qui fait ça. Parce que quand l'équilibre revient, le danger a disparu. Même quand on est énervé. Par exemple, le fait d'avoir été énervé ne va pas tout d'un coup vous faire monter la tension de façon continue. Donc c'est quand même intéressant de voir ce que le mot stress veut dire pour eux.
Et donc si on pouvait leur faire passer que cette notion c’est le stress tel qu'on le conçoit dans la médecine, comme je le conçois, c'est en fait cette modification des structures. Mais il n'y a qu'un seul mot pour parler du stress. Alors moi, je propose de reprendre le mot du Laborit : c’est l'alerte. Qui est différente du stress.
Journaliste : J'aimerais revenir sur justement ce que vous utilisez comme terme entre la notion de stress et d'alerte, parce que j'ai encore du mal à dissocier les deux en fait, à comprendre lequel est lequel, et lequel veut dire quoi précisément.
François Desbordes : Je peux effectivement prendre un exemple. Lorsqu'il y a des intempéries graves, des tempêtes par exemple, euh, bien, on nous dit que les personnes officielles concernées sont en état de stress. Eh bien, on peut trouver bizarre cette idée. Alors qu'en fait, systématiquement, on dit qu’ils sont en état d'alerte maximum. Donc là, vous saisissez bien la différence. Si on utilise le terme de stress, on se dit que c'est grave et que cela va nous inquiéter.
Imaginez deux secondes qu’un médecin urgentiste vous dise “Je suis stressé.”. Ouh là... quand même ! Et par contre s'il vous dit “je suis en état d'alerte maximum.” C’est mieux. C'est ce qui se passe évidemment. Les pompiers sont en état d'alerte maximum. Jamais les militaires ne vont utiliser ce terme. Ils ne diront pas qu’ils sont en état de stress maximum. Non ! avant le combat, avant une opération qu’ils vont mener, Ils sont en alerte maximale.
On peut parler pendant très longtemps en fait du stress et de l’alerte, ce n’est pas simple. C'est une notion qui est très compliquée, c’est une notion qui intéresse quand même beaucoup de gens parce que nous sommes dans une société où les contraintes sont de plus en plus importantes.
Journaliste : Oui, d'ailleurs, en parlant de contrainte, on va parler de santé dans la prochaine question, on la regarde.
François Desbordes : Ah oui ! ça va être intéressant.
Q5 : C’est quoi le rapport entre "Stress et Santé" ?
Intervenant 4 : Il y a le stress qui peut créer des maladies, des dépressions. Peut-être le burn-out aussi. Je pense que c'est notamment avec le stress que ça peut venir.
Intervenant 2 : Je pense que ça accentue aussi tout ce qui va être maladies cardiovasculaires.
Intervenant 5 : Lorsqu'on est stressé, on a des taux élevés de cortisol et lorsque ce stress est maintenu sur une longue période, on peut avoir des problèmes de santé qui sont associés. Donc le stress, il peut être bénéfique à court terme parce qu'il nous permet d'être plus productif, de faire certaines choses. Mais lorsqu'il est chronique, il peut poser des soucis de santé qui sont délétères pour la vie psychologique et physiologique du patient.
Intervenant 7 : Après, s'il doit y avoir une relation de cause à effet stress-santé, ça va être plus sur la santé mentale que physique, j’aurais tendance à dire.
Intervenant 2 : Ça abime le corps, ça c'est logique. Je pense quand même une petite dose de stress c’est un peu bénéfique pour se sortir de ses gonds.
Intervenant 1 : Il y a par exemple le psoriasis, qui est dû au stress. C’est un problème cutané. Après, chacun doit somatiser à sa façon.
Intervenant 3 : Après ça dépend du stress, il y a des gens qui sont tout le temps stressé, il y en a d'autres, c'est juste chronique. On sent son cœur un peu plus. Il y a tension cardiaque, etc. Donc si on est moins stressé, a priori, on devrait avoir moins de problèmes de santé.
Réponse de François Desbordes
Journaliste : Tout le monde avait son avis sur le stress et le rapport avec la santé. Tout le monde a cité des maladies. On a entendu parler du burn-out, on a entendu parler de dépression. Et vous, qu'est-ce que vous avez à dire de plus ?
François Desbordes : Ce qui me paraît évident, c'est qu'ils ont exprimé ce qu'ils vivent au quotidien. Ils pressentent ce que c'est que le stress. Mais ils n'ont qu'un mot pour l'exprimer. Un stress peut exprimer des causes. Le stress peut exprimer les conséquences. Et donc je pense qu’on s’est à peu près compris sur la différence qu'il y a entre le stress et les causes. Le stress on peut carrément dire que c'est un trouble de la santé, donc une maladie qui se manifeste sous différentes formes.
Journaliste : Et du coup ça veut dire que tous les gens stressés sont malades ?
François Desbordes : Tel que nous l'avons défini oui ! Effectivement, puisque c'est un trouble de la santé, on donne au stress la signification de cause. Or moi je parle des conséquences. Donc, vous voyez, on a deux termes. Quelles sont les causes de l'alerte ? Eh bien ce sont des contraintes. Quelles sont les causes du stress ? Ce sont des alertes qui se répètent sur de nombreuses journées, voire des mois.
Journaliste : On va passer à la dernière question. Une question d'ailleurs qui, je pense, et un peu votre spécialité, le stress oxydatif.
François Desbordes : Ah oui, tout à fait. J'ai hâte de savoir ce qu'ils disent à propos du stress oxydatif.
Q6 : Avez-vous entendu parler du stress oxydatif ?
Intervenant 5 : Oui, bien sûr, je connais le stress oxydatif. C'est un fondamental de la biochimie et de ce qu'on apprend pendant nos études de médecine.
Intervenant 6 : Ce sont les molécules d'oxygène qui viennent créer des radicaux libres, et cela accélère le vieillissement des cellules.
Intervenant 5 : C'est lorsque l'on respire, ça nous permet de vivre, mais l'oxygène que l'on respire, c'est aussi celui qui est responsable de notre vieillissement et de notre fin fatale à tous.
Intervenant 7 : Ce n’est pas un sujet auquel je me suis particulièrement intéressé.
Intervenant 5 : Le stress oxydatif, c'est la vie, c'est la mort.
Réponse de François Desbordes
Journaliste : Et alors c'est quoi le stress oxydatif François Desbordes ?
François Desbordes : Visiblement, le stress oxydatif reste encore un problème de spécialistes. D'ailleurs, il y en a là, des spécialistes, et qui connaissent bien visiblement !
Journaliste : Oui, ce sont des étudiants en médecine.
François Desbordes : Ah voilà ! c'est rassurant de constater qu'effectivement cette nouvelle science est enseignée en médecine. Alors qui dit stress dit modification. On va parler de modification de structure. Et oxydatif, c'est parce que c'est dû à l'oxygène.
Alors c'est quoi cette histoire ? L'oxygène nous est indispensable pour vivre. Mais il se trouve que 1 à 2 % des molécules d'oxygène que nous respirons vont garder un électron ou capter un électron sur une autre molécule. Et ça va donner à ce moment-là une molécule qui se comporte un peu comme un aimant et qui attire des molécules ou qui a envie de refiler au fond cet électron à une autre molécule. Et ça va déclencher une cascade de produits qui vont être oxydés. Donc ce sont les oxydants. Le premier de ces oxydant avec cet oxygène qui a un électron secondaire s'appelle le super oxyde. Il nous est absolument indispensable pour vivre, parce que comme une étincelle, il va déclencher un certain nombre de réactions fondamentales dans l'organisme et faire fonctionner un peu la machine. Un peu comme la bougie d'un moteur qui envoie une étincelle pour faire fonctionner le moteur. Mais il ne faut pas que ça s'emballe.
Et l'organisme fait bien les choses. Il se trouve qu'il y a une enzyme anti-oxydante qui va calmer le jeu, garder l'équilibre entre d'un côté les oxydants et de l’autre les antioxydants. Cette enzyme s'appelle la SOD : la superoxyde dismutase qui est une enzyme anti antioxydante.
Voilà le secret du stress oxydatif. Tant qu'il n'y a pas d'emballement, il n'y a pas de stress. Mais dès qu'il y a l'emballement, il y a un stress. Alors qu'est ce qui pourrait bien provoquer cet emballement ? D'abord, le fait qu'il y a une augmentation de superoxyde, les étincelles. Cette augmentation va se faire par exemple au cours du vieillissement petit à petit. Ça va se faire au cours de certaines maladies, du stress dont nous venons de parler aussi, il y a une augmentation de la production de superoxyde lorsqu'il y a par exemple un surpoids. Parce que pour consommer l'aliment, faire tourner la machine, on a besoin de beaucoup plus d'étincelles, donc y a plus beaucoup de superoxyde.
Lorsqu'il y a un équilibre entre l'enzyme, la SOD et le superoxyde, la cascade d'oxydation ne se met pas en place. Alors est ce que c'est dangereux que cette cascade ne se mette pas en place ? Bien je vais vous donner des images qui sont évidemment pour les scientifiques un peu de vulgarisation. Qu'est-ce que ça provoque ?
Si c'est les sucres, le sucre ça provoque quoi ? De la caramélisation. Tout le monde connait cette notion, ça se transforme en caramel. Essayez de transformer le caramel en sucre, non c'est irréversible. Si ça concerne des protéines, c'est comme le blanc d'oeuf une fois que vous l'avez fait cuire, il ne peut plus revenir en blanc d'oeuf. Vous ne pourrez pas faire une mousse au chocolat avec du blanc d'oeuf qui a été cuit, on est bien d’accord.
Donc c’est encore une réaction qui est irréversible, alors qu'est-ce qu'il nous reste ? Il nous reste les lipides, les graisses. Mais qu’est-ce qu’il va leur arriver ? Elles vont rancir. Une graisse rance, ce n’est pas terrible. Donc voyez que le stress oxydatif, c'est à dire les conséquences de ce déséquilibre entre la SOD d'un côté et le superoxyde de l'autre, va entraîner des dégâts qui sont extrêmement importants.
C’est une préoccupation extrêmement importante des années qui viennent. C'est d’ailleurs très intéressant de constater qu'on l'enseigne maintenant dans les facultés de médecine et de pharmacie. Les gens qui sont stressés ne vont plus s'entendre dire “Ah mais voilà, c'est une maladie imaginaire que vous avez là ! ” nous avons tout eu cette expérience-là. Ou alors on va dire que vous êtes hypocondriaque, c’est peut-être encore pire.
Journaliste :
Le stress oxydatif, c'est la vie et c'est la mort. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette phrase ?
François Desbordes C'est un résumé. Attention, on a parlé bien du stress oxydatif. Le stress. Lorsqu’il s'agit de la formation de super-oxyde, c'est quelque chose qui est normal, qui est indispensable à notre vie.
Le stress oxydatif va effectivement dégrader, nous faire vieillir plus rapidement. D'ailleurs, la théorie du vieillissement aujourd'hui, s'appuie sur deux choses essentiellement et tout le monde est à peu près d'accord pour le dire, c'est que nous nous sommes programmés pour vivre un certain nombre d'années, mais on n'y arrive pas et on n'y arrive pas parce que justement, il y a un stress oxydatif qui se met en place et au lieu de vivre 120 à 130 ans, eh bien on fait ce que l’on peut, beaucoup moins.
J'espère que j'ai été clair dans mes explications.
Journaliste : Oui, François Desbordes vous avez été très clair, vous avez su rebondir sur ce qu'ont dit les gens dans la rue. Vous avez su comprendre. Et j'aimerai bien vous retrouver sur un prochain sujet bientôt. Est ce que ça vous dirait ?
François Desbordes : Ce sera avec grand plaisir !
Journaliste : Très bien, alors au revoir François Desbordes. Quant à nous, merci d'avoir regardé la vidéo, n'hésitez pas à vous abonner et à liker. Et on se retrouve aussi pour une prochaine vidéo !
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